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NE DEMANDONS PAS À NOS ENFANTS DE NOUS ACCORDER LA CONFIANCE QUE NOUS MÊMES NE SOMMES PAS CAPABLES DE LEUR DONNER

Beaucoup d’adultes parlent de respect et de confiance par rapport à leurs enfants alors qu’ils confondent des principes fondamentaux en mélangeant des valeurs qui n’ont rien à voir les unes avec les autres.

Quand un enfant/ado désobéit, l’adulte a souvent l’habitude de dire de l’enfant qu’il « lui manque de respect » , « qu’il ne peuvent pas lui faire confiance« .

 

On peut observer qu’on a perdu le sens de la valeur profond de ces mots « respect » et « confiance ».

 

Le constat est qu’ils se sentent profondément bafoués, comme s’ils se sentaient humiliés de voir que leur enfant ne les (selon eux) « respecte pas« ,  « qu’ils ne sont pas digne de confiance« .

 

Souvent, ils se trouvent devant une incompréhension à savoir  mais pourquoi leur enfant « leur fait ça ».

Comme si leur enfant leur avait déclaré la guerre de façon personnelle.
C’est un sentiment terrible d’avoir le sentiment que notre enfant nous déclare la guerre… à nous, qui l’aimons tellement. Nous, qui ne voulons que son bien…

 

Mais alors ? Que se passe-t-il ?

 

 

Notre enfant, qui nous aime aussi (soyons en sur), nous déclare-t-il réellement la guerre ?

Nous manque-t-il réellement de respect ? 

 
 
 

En réalité, non.

 

Mais la plupart des adultes confondent des notions qui pourtant me semble essentielles: désobéir, n’est pas un manque de respect.

Désobéir n’est pas non plus être « indigne de confiance ».

Désobéir, c’est juste s’extraire d’une autorité afin de (re)prendre sa liberté, son libre arbitre, la volonté de ses choix, savoir ce qu’on veut faire, ou être.

Devenir, rester soi même.

Réclamer sa propre liberté.

 
 

Beaucoup de parents pensent savoir mieux que leurs enfants ce qui est « bon ou pas pour eux« , et sous ce prétexte, les « enferment » dans des règles qui n’ont en réalité de sens que pour eux.
Cette atteinte à la liberté individuelle donne des enfants insoumis et désobéissants.

 

 Mais l’insoumission n’est pas de l’irrespect.

 
 
 

A force de se sentir omniscients, et à force de penser être capables de mieux réfléchir que nos enfants, de savoir ce qui est le mieux pour eux: ils font une erreur monumentale. Car enlever la liberté à un humain est la chose qui entraîne la plus grosse rébellion qui soit… et plus la répression est forte et plus elle dure, plus la crise sera violente.

 

En réalité, ce qui se passe, c’est que ces parents ne font eux mêmes pas confiance à leur enfant tout en leur demandant à eux de leur faire confiance aveuglément.

Ils leurs demandent donc de faire ce qu’ils ne sont pas capables de faire en retour. Et du coup, forcément, ça ne fonctionne pas.

 
 

Quand on a compris que l’exemple est LA base pour éduquer, on sait qu’on est dans une erreur fondamentale.

 

En effet, comment demander à nos enfants de nous faire confiance quand nous mêmes, depuis tous petits, ne leur donnons rien en retour ?

 

 


UN EXEMPLE CONCRET


 

J’ai en tête une multitudes d’exemples avec ma grande  (qui a 15 ans maintenant) et avec qui la confiance réciproque est absolue :

 

Quand on me conseillait de la laisser pleurer, pour ne pas « mal l’habituer »… je n’ai jamais écouté: Il me semblait essentiel de lui donner la preuve que quoiqu’il se passe, elle pouvait compter sur moi. La confiance a commencé à se créer ainsi, dès les premières semaines et au fil des années. Plus tard, vers ses 2 ans, je me souviens d’une fois où il neigeait, il faisait froid… nous devions sortir et elle ne voulait pas se couvrir. Je lui ai expliqué, elle restait butée (il faisait si bon dans la maison, je comprends qu’elle ai pu douter de ce que je lui disais)… je l’ai laissé faire son expérience et elle est sortie dehors, en body… à peine quelques minutes plus tard, elle est revenue vers moi en me disant « brrr maman, froid », je lui ai proposé de s’habiller, chose qu’elle a accepté avec plaisir. Les fois suivantes, quand je lui expliquais qu’il faisait froid, elle coopérait sans soucis: son expérience lui avait prouvé qu’elle pouvait me faire confiance. Plus tard encore, elle devait avoir 6 ans, nous avions confectionné un petit sac de perles pendant notre dimanche: elle l’adorait. Le lendemain, elle a voulu absolument l’emmener avec elle à l’école: je lui ai expliqué que son sac risquait être cassé, volé ou même perdu. Rien à faire, elle voulait l’emmener… je lui ai fais confiance et l’ai laissé faire. Le soir même, elle rentrait ,le petit sac était intact. J’étais ravie pour elle et me suis dit que finalement elle savait surement mieux gérer que moi à son âge… Le lendemain, elle décidait de l’emmener de nouveau. Le soir même, elle rentrait, effondrée: une copine avait tiré sur son petit sac et il avait été complètement défait… elle pleurait beaucoup, je l’ai consolé bien sur, en accueillant sa peine, sans aucun commentaire autre que ma compassion. Quelques jours plus tard, elle me demandait d’emmener à l’école un beurre de cacao offert par ma maman et qu’elle aimait beaucoup: sans jugement, je lui donnais mon avis, en lui remémorant la déception vécue avec le petit sac de perles quelques jours plus tôt. Sans avoir besoin d’une quelconque notion d’autorité, d’elle même, elle s’est ralliée à mes arguments, sans même être contrariée. Elle aurait pris la décision de l’emmener quand même, je l’aurais laissé faire son expérience. Il a en a été de même lors de sa rentrée au collège: quand elle m’a indiqué vouloir emmener son portable, je lui ai simplement donné mon avis… elle l’a suivi les premiers jours. Et a changé d’avis quelques jours plus tard en ayant évalué la situation par elle même.

Je lui ai fais confiance, avant tout.


LES CONSÉQUENCES ?


 

En lui prouvant qu’elle pouvait avoir confiance en moi, sans lui demander de me faire confiance aveuglément comme la plupart des parents le veulent… en lui laissant faire ses expériences et vérifier par elle même que souvent mes propos pouvaient être justes.

Et parfois pas: mais je reconnaissais m’être trompé. Un parent n’est pas tout puissant et reconnaître ses erreurs montre l’exemple à l’enfant que se tromper n’est pas une tare.

Bien au contraire ! 

Et le fait de reconnaître ses erreurs permet aussi à l’enfant de reconnaître les siennes aussi quand il y a lieu d’être.

 
 

Par ce cheminement, ainsi, elle a appris aussi à se faire confiance, AUSSI. La plupart des parents mentent, manipulent au quotidien leurs enfants en leur reprochant précisément à l’adolescence ce qu’ils ont eu fait eux mêmes pendant des années …

 
 

Comment ne pas comprendre d’où vient cette obstination de l’enfant/ado à se rebeller, à ne pas faire confiance et donc, par conséquent à ne pas être lui même digne de « confiance ».

Et dans la tête de l’adulte: « en venir à lui manquer de respect ». Alors que lui même lui donne précisément cet exemple là, et celui depuis qu’il est tout petit ?

 
 

La confiance est quelque chose qui se développe de façon naturelle quand on nous montre comment faire confiance.

Si nous ne montrons pas l’exemple à nos enfant de comment faire confiance, alors ils ne nous feront pas confiance en retour.

 
 

Et au final, les valeurs sont confondues dans la tête de ces parents: ils demandent en réalité à leur enfant une soumission sous couverture de « confiance » et de « respect ».

 

Sauf que perdre sa liberté sous caution de respect/confiance, ce n’est jamais possible.

Nous rentrons dans un conflits de besoins si fort.. que tôt ou tard, la crise est inévitable.

 

La perte de liberté est la toute première cause de rébellion: et c’est là où quand depuis tout petit, nous sommes conditionnés à être « soumis » qu’arrive le moment où, enfin, nous pouvons nous libérer…

 

C’est nécessaire s’il y a une autorité/pression sur l’ado depuis l’enfance, mais si tel n’est pas le cas, il n’a pas « besoin » de s’opposer puisqu’il s’assume depuis toujours et qu’il est respecté dans ce qu’il est. C’est quand ce rapport de force est instauré depuis l’enfant que la crise d’adolescence arrive: plus la répression, plus la manipulation a été forte, plus il y a des chances que la crise soit en proportion de cette répression/manipulation.

 

La meilleure solution pour que cette crise n’arrive pas, c’est justement de réussir à équilibrer ces notions de respect, confiance et liberté et ce, depuis la naissance.

 

Ces valeurs là passent par écouter les besoins fondamentaux de nos tout petits, à y répondre et à savoir nous, pour commencer, par l’exemple, à leur faire une pleine confiance.

Magali Dumez / Alèthéia Hestia