Une des premières clefs pour apprendre à nos enfants le consentement est le respect de leur corps et l’acceptation de leur refus par le « non ».
Ça passe bien évidemment par ne pas forcer à embrasser, ne pas forcer à changer la couche (attendre son accord, qu’il soit prêt), ne pas forcer à prendre une douche (des tas d’alternatives existent pour maîtriser les notions d’hygiène sans forcer et faire les choses en douceur), ne pas forcer à manger…
Tout ce qui touche son corps, tout ce qui touche le fait que nous respections son « non » deviendra une des bases essentielles pour l’apprentissage du respect de lui même pour ne pas rentrer dans la culture du viol.
Un enfant qui n’aura pas pas appris à dire « non », à dire « stop, c’est mon corps, ne touche pas », sera une proie beaucoup plus facile pour les prédateurs sexuels (ou autre personne toxique ou profil pervers…).
L’enfant n’a pas la capacité à distinguer quelle partie est autorisée à être touchée avec ou sans son consentement.
S’il apprend à se soumettre à une autorité quelconque, s’il apprend qu’on a le droit de l’obliger à se montrer « gentil/affectif » pour faire plaisir, il ne saura pas faire la distinction et ne saura pas s’opposer à un adulte/agresseur quelconque.
En réalité ça va même au delà du bisou/câlin: un enfant à qui nous n’avons pas donné l’autorisation de dire non pour ce qui lui appartient (forcer à manger, introduire de force des aliments dans la bouche, forcer à embrasser, forcer à laver…); on entre déjà dans la fameuse culture du viol.
La désobéissance intelligente et consciente: voilà la première clef pour protéger nos enfants.
Le droit à dire « non », à dire « stop », à mettre leur propre limite, dans le respect des autres, bien évidemment.
« Respect » ne veut pas dire « soumission ».
Un adulte qui s’offusque qu’un enfant ne veuille pas lui faire un bisou, c’est du même registre qu’un homme qui s’offusquerait qu’une femme lui refuse une relation sexuelle.
Je ne compare pas l’acte en lui même, il va de soi: mais le raisonnement qui va avec.
L’affectif, ça ne se commande pas.
Les marques d’affection, ça ne s’exige pas.
Il faut que ce soit spontané, que ça vienne du coeur.
Un bisou c’est précieux, il n’y rien de satisfaisant à recevoir de force une marque d’affection; au contraire, c’est même totalement l’inverse.
Quémander de l’amour, exiger une marque affective quelconque parce que je me sens plus puissant que l’autre, c’est totalement inapproprié.
Soumettre l’autre à ma volonté/besoin d’amour: c’est profondément humiliant.
Et quel aveux d’échec : est-ce que ça voudrait dire que nous sommes incapables de nous faire aimer autrement que par la force ?
Forcer nos enfants à montrer une marque d’affection non ressentie, c’est aussi leur apprendre l’hypocrisie, à être faux pour « faire plaisir ».
C’est contre toutes les valeurs auxquelles on tient.
Si ça vexe l’autre: ça lui appartient.
S’il se vexe de l’absence d’une fausse marque d’attention: c’est qu’il y a un sérieux problème de maturité affective.
Et ce n’est pas à nos enfants de combler les manques/besoins des adultes: c’est à eux de faire leur propre chemin.
Souvent ces mêmes adultes qui ont eux mêmes été forcés d’ailleurs enfants et qui ne sachant plus faire la distinction entre un sentiment sincère ou pas… sont eux mêmes en manque d’amour sincère et le quémandent aux enfants… on rentre dans le cercle vicieux de l’exigence d’amour, sous prétexte de « respect ».
Beaucoup confondent « respect » et « soumission »: ce terme est souvent confondu par nos anciens qui pensent réclamer du respect, alors qu’il ne font qu’exiger de la soumission en réalité.
Voir mon article là dessus: Ne demandons pas à nos enfants de nous accorder la confiance que nous mêmes ne leur donnons pas.
Inversons la tendance et rentrons plutôt dans le cercle vertueux:
Laissons nos enfants montrer d’eux mêmes les marques d’affections qui leur conviennent en acceptant AUSSI que certains enfants ne seront jamais tactiles.
Et que c’est leur droit le plus absolu.
Ce n’est pas pour autant qu’ils n’aimeront pas les autres; ils auront juste une façon différente de le montrer.
N’oublions pas qu’il y a 5 façons de manifester de l’amour (Cf Gary Chapman, « les Langages de l’amour« ):
-
les paroles valorisantes,
-
les moments de qualité,
-
les cadeaux,
-
les services rendus,
-
le toucher physique.
Ne forcez pas un enfant à vous manifester de l’amour à votre façon: apprenez à découvrir quel est son langage.
Acceptons les tels qu’ils sont et aimons les pour ce qu’ils sont et non pas pour ce que nous voudrions qu’ils soient.
Ainsi, ils apprendront a s’aimer et à devenir la meilleure version d’eux mêmes.
Magali Dumez / Alèthéia Hestia