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HYPERSENSIBLES ET LA GESTION DES ÉMOTIONS

Gérer ses émotions.

« Il faudrait que tu apprennes à gérer tes émotions »…

  • Dit celui qui va boire toute la journée pour oublier une situation difficile.
  • Dit celui qui va être paralysé et pétrifié devant une situation sans savoir comment réagir et ça, pendant des jours et des jours se repasser le film en culpabilisant de ne pas avoir agit sur le moment même.
  • Dit celui qui va somatiser avec une poussée d’eczéma sur tout le corps, tout en sachant que ça provient du stress.
  • Dit celui qui va être paralysé en cas de crise et fumer 3 paquets pour évacuer son stress.
  • Dit celui qui se ronge les ongles au sang.
  • Dit celui qui hurle et à envie de tout casser à la moindre broutille et peut même devenir violent face à un détail.
  • Dit celui qui après un drame dans sa vie, sans avoir jamais versé une larme (et il en est fier), va avoir le corps qui part en sucette sans comprendre d’où ça vient.
  • Dit Celui qui va tomber en grave dépression, avec plus aucun moyen de s’en sortir tellement le corps a « encaissé » à force de « gérer ses émotions »…

Alors j’ai envie de demander…

« C’est à dire… apprendre à gérer ses émotions ? Comme vous ? »

Oui; moi, je pleure.

Oui, moi, je crie.

Oui, moi, je suis en colère.

Oui, moi, je l’exprime, je le dis, je ne cache rien:

Oui, moi, j’exprime et je vis pleinement ce qui se passe.

et… après avoir exorcisé mon émotion, je passe à l’action.

Mais, avant ça, je laisse l’émotion me traverser pleinement, sans faux semblant, sans chercher à l’étouffer aucunement.

Et oui… ça ne s’imprime pas en moi.

Tout ce qui s’exprime ne s’imprime pas.

Je suis une hypersensible, émotive et sans filtre: lorsque je vis quelque chose je le vis pleinement, sans faux semblants.

Devant mes enfants, je leur explique, sans mentir, ce qui se passe en moi, dans quel contexte, pour quelles raisons: je suis honnête, transparente. 

J’estime que je leur fait un cadeau inestimable: la normalisation des émotions et leur faire comprendre qu’ils ont le droit EUX AUSSI, de les exprimer, pleinement.

D’où vient cette idée folle qu’il faut absolument cacher aux enfants nos émotions ? D’où vient cette idée folle qu’il ne faut pas pleurer devant eux ? Par leur montrer nos craintes ? Nos angoisses ? Leur montrer qu’on est (soit disant) « forts » ? …

Nos enfants sont des éponges, ils savent tout de façon intuitive. Ne rien leur dire, c’est les laisser dans le doute, dans le flou, c’est les prendre aussi, entre autres, pour des imbéciles. C’est les laisser réfléchir, seuls, sans les aider à construire leur pensée, c’est aussi la grande majorité du temps, leur faire porter le poids d’une culpabilité qui n’est pas la leur.

C’est aussi leur faire croire que vivre des émotions c’est quelque chose de honteux.

C’est leur faire croire que de les exprimer, c’est encore plus honteux.

Tandis que leur verbaliser les choses, leur expliquer, démêler le fil de nos pensées, en posant les mots sur les maux, c’est au contraire leur apprendre à faire la même chose et les inviter à partager leurs ressentis. Sans honte, sans faux semblants.

Beaucoup d’adultes me disent qu’il faut que « j’apprenne à gérer mes émotions »lorsque je les exprime. Parce que, clairement, ça les dérange.

Ça les renvoie à leurs propres souffrances qu’ils n’expriment pas et c’est insupportable pour eux.

Je suis toujours très étonnée de cette formule:

 « gérer ses émotions » = « ne pas les exprimer ».

Et…

Non, nos enfants n’ont pas besoin d’exemples d’adultes qui « gère » leurs émotions en les étouffants.

Ils n’ont pas besoin d’exemple d’adultes qui souffrent en silence, ou le corps s’abîme, ou l’âme souffre et où le coeur, par trop de peine, un jour lâche sans prévenir.

Nos enfants ont besoin d’adultes qui leur apprennent que toutes les émotions sont légitimes et qu’on peut, malgré le fait de les ressentir, agir en conséquence tout en vivant pleinement les événements.

Arrêtons de croire que « gérer vos émotions » c’est les étouffer.

Arrêtons de croire qu’exprimer ses émotions c’est mal les gérer.

Arrêtons de croire que ne rien exprimer, c’est être « fort ».

C’est rien de tout cela.

Bien au contraire.

Être fort, c’est vivre pleinement ses émotions tout en assumant les événements.

C’est les identifier, c’est les reconnaître et c’est les exprimer.

C’est savoir les accueillir, les vivre pleinement et les assumer.

Pas faire semblant de ne rien ressentir, pas faire semblant d’être quelqu’un d’autre, pas faire semblant de gérer alors qu’au fond, dans les faits et dans la réalité, rien n’est géré.

Les émotions, en plus d’être utilessont vitales. Les accepter et nous permettre de les ressentir est le premier pas, et sans aucun doute le plus important, vers une gestion saine de nos émotions. Elles sont là pour nous faire passer des messages importants dans nos vies.

Arrêtons de les négliger, de les étouffer: LE MAL A DIT, tôt ou tard, se réveillera.

Ainsi, une émotion négative comme la colère peut amener à une réaction positive si nous parvenons à la gérer de la meilleure façon possible.

Savoir gérer ses émotions permet de contrôler non pas ce que l’on ressent, mais plutôt de comprendre ce que cette émotion implique par et surtout pour la suite. 

Magali Dumez